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le bus de l’alternative-nomade 2003/2006

http://www.alternativenomade.org

 

genèse du projet, par sylvain grolleau, décembre 2004

 

ALTERNATIVE NOMADE

Le simulateur

Installation Multimédia Itinérante

Conception Sylvain Grolleau

DÉPÔT SCAM : n° 200206137


Présentation de la société et du projet global.

 


Caravansérail (n.m. du persan karwaranserai « logement des    caravanes ») :

 

Vaste cour, entourée de bâtiments, où les caravanes font halte ; auberges, hôtelleries qui en dépendent. Lieu fréquenté par des étrangers de diverses provenances.

 

ALTERNATIVE NOMADE est un label qui lie la rencontre, le déplacement, le cinéma et les nouvelles technologies. Le Caravansérail, société de création audiovisuelle et de design sonore, y produit différents types d’objets audiovisuelles. Le Caravansérail a été créé à Marseille en octobre 2001, il est actuellement en pépinière d’entreprises à Marseille Innovation, à La Friche La Belle de Mai.

 

Les artistes et les techniciens d’Alternative Nomade se sont organisés en collectif : la caravane : troupe de gens voyageant ensemble pour plus de facilité et plus de commodité. La caravane est une association loi 1901 créée en 1997, dont le siège social est également à Marseille.

 

Sylvain Grolleau, producteur et réalisateur, est le concepteur d’Alternative Nomade, il dirige le collectif. Il vous présente plus spécifiquement dans ce dossier le simulateur, la partie avant du BUS, cette installation multimédia itinérante qui sert de support de diffusion aux différents objets fabriqués par la caravane et produit par le caravansérail.

 

L’un des objectifs d’Alternative Nomade est de former une équipe de cinéastes nomades et d’équiper un camion, véritable car-régie aménagé en lieu de vie, pour prendre la route sur des périodes plus ou moins longues et ramener des quatre coins du globe différents types d’oeuvres audiovisuelles, ayant tous la particularité d’avoir été conçus et réalisés sur la route… Cette caravane cinématographique inspirée entre autres des kinotrain de Vertov sera suivie de près par un groupe sédentaire, basé en France. Ce ne sera ni un cirque, ni une troupe de théâtre ambulant, ce ne sera pas non plus un groupe de musiciens en tournée, mais bien une caravane cinématographique, un groupe de cinéastes nomades qui se seront donnés les moyens de faire des films, de les montrer, et d’aider des gens à en faire, à travers plusieurs pays du monde, et sur plusieurs continents.

 

Proche du public, des gens et avec eux, Alternative Nomade se concrétise aujourd’hui sous la forme d’une structure de diffusion originale et symbolique : un bus dissimulé sous un chapiteau ou stationné dans une halle/friche.

 

À l’avant du bus, le simulateur : Simuler la réalité d’un voyage en autocar, en taxi-brousse, en carrito, en pirogue ou en téléphérique et à travers le regard d’un cinéaste, immerger le spectateur dans une ambiance et une temporalité qui n’est pas la sienne, le rendre témoin de rencontres ou d’émotions vécues sur la route, un carambolage visuel et sonore. Autour du bus, un déambulatoire, où sont exposées des photographies et des vidéos accompagnées de créations lumière et de diffusions sonores. À l’arrière du bus, un salon documentaire, où sont projetés les films de l’Alternative Nomade : documentaires et carnets de voyages. Le simulateur n’est donc qu’une des productions mise en place dans le cadre du projet.

 

 

 

 

-le concept -

 

Le concept repose sur la transformation d’un véhicule, lui-même dissimulé sous un chapiteau, en espace de multidiffusion image et son, afin d’immerger totalement le spectateur dans un univers artistique cohérent et sensible.

 

A l’avant du bus, un spectacle documentaire, scénarisé, monté et mixé sur 7 écrans, tourné en grande partie dans les transports en commun de plusieurs pays, projeté sur le pare-brise avant et sur les six fenêtres latérales selon le principe d’un simulateur de voyage. L’association de plusieurs systèmes informatiques sur un réseau de PC permet la synchronisation, la mise en espace et l’animation des images et des sons à l’intérieur du véhicule.

 

A l’arrière du bus, une salle de cinéma conçu comme un salon marocain, où sont projeté des films documentaires sur le pare-brise arrière.

 

Autour du bus, une exposition de photographies et de vidéos d’art, dans une galerie circulaire, complète le dispositif.

 

Le spectateur est immergé dans un univers documentaire lié au voyage et au nomadisme, lui faisant traverser plusieurs pays à travers des objets artistiques variés, allant du plus abstrait au plus concret…

 

Le bus est à la fois outil de création et structure de diffusion en mouvement.

 

La mise en scène de spectacles très différents est bien sûr envisagée.

 

 

 

Le concept du simulateur.

 

Simuler la réalité d’un voyage en bus, en taxi-brousse, en carrito, en pirogue ou en téléphérique et à travers le regard d’un cinéaste, immerger le spectateur dans une ambiance et une temporalité qui n’est pas la sienne, le rendre témoin de rencontres ou d’émotions vécues sur la route. Un carambolage visuel et sonore.

 

 

 

 

 

 

Comment se présente le simulateur ?

 

 

Sous une structure gonflable, ou dans une halle/friche pouvant accueillir en même temps environ soixante dix personnes, une vingtaine de passagers pénètrent à l’intérieur d’un bus par la porte avant.

 

Le véhicule est totalement dissimulé derrière du tissu de théâtre noir très épais.

 

L’un des passagers s’installe au volant, les autres sur des banquettes ou sur des sièges individuels, disposés de manière à ce que chacun puisse avoir une vision globale de l’espace. Certains restent debout. Chacun entre et sort librement du simulateur, comme dans un entre-sort.

 

Gri-gri, autocollants, couleurs vives… La décoration intérieure est un curieux mélange de l’Afrique de l’Ouest et de l’Amérique Latine.

 

Sept vidéo projecteurs diffusent un spectacle documentaire d’une heure, scénarisé, monté et mixé (sans début ni fin) sur les six fenêtres latérales du bus ainsi que sur le pare-brise avant :. Le dispositif technique étant bien sûr totalement invisible pour le spectateur.

 

Les séquences de ce film documentaire monté sur sept écrans ont été tournées entre le Vénézuéla, le Brésil, le Pérou, le Sénégal, le Mali et le Burkina, dans les transports en commun… Quelques minutes à bord d’un autocar, d’une pirogue, ou d’un train. Lenteur du temps qui passe, regards perdus vers le dehors, ennui, envies, rêveries, rencontres…

 

Sur le pare-brise avant : un enchaînement de travellings face. C’est la vidéo projection des travellings face qui donne la parfaite illusion du mouvement et installe véritablement le spectateur dans la position d’un passager. On aurait presque envie de sentir le bus vibrer…

 

Chaque vidéo projecteur est relié à un haut-parleur de type autoradio, qui diffuse la bande son du spectacle faite des sons in rattachés aux images, bande son qui est également mixée et spatialisée sur sept points de diffusion, elle est enrichie d’ambiances et de musiques. Grâce à AvansonS, système informatique développé par Hervé Herrero au sein du caravansérail, le son est parfois en mouvement.


Pourquoi cette installation ?

 

 

Les couloirs du métro, les trains, les taxis collectifs ou les carrito, sont des endroits que je fréquente beaucoup et où je me sens bien. Ils sont plein de vie, d’énergie et de petites histoires… L’installation en raconte quelques-unes, elle permet aussi de mélanger les lieux, les gens, les genres, et de perdre ainsi le spectateur pour mieux faire naître du sens et du sensationnel.

 

L’idée du simulateur est bien sûr de faire rêver le passager, de lui faire vivre un moment unique, un voyage extraordinaire, fantasmatique, à travers plusieurs pays du monde, et sur plusieurs continents. Qui, en dehors de ses rêves, s’est déjà simultanément retrouvé dans la Cordillère des Andes, sur le plus haut téléphérique du monde, et dans un taxi-brousse au milieu du Sahel ?

 

À l’intérieur du bus, le spectateur se plonge dans un univers exotique et ludique qu’il va lui-même participer à modeler, « zappant » d’une image à une autre, « restant bloqué » sur l’une d’entre elles, fabriquant le montage de ces bouts de routes imaginaires, dans un espace-temps qui n’appartient plus qu’à lui. Un bus qui est en même temps taxi, pirogue, train, bateau, … Un bus où les passagers viennent des quatre coins du globe et où le spectateur, passager lui aussi, peut créer son voyage au rythme où il l’entend.

 

La mise en espace des différentes séquences documentaires tournées dans les transports en commun me permet de réunir dans un même lieu, des personnages physiquement séparés par plusieurs milliers de kilomètres, des personnages qui appartiennent à des cultures radicalement différentes. C’est ainsi qu’une jeune et jolie vénézuélienne aux allures provocantes se rendant sur la plage pour le week-end se retrouve assise à côté d’un vieux marabout égrenant son chapelet et partant vendre un mouton au marché de Doudou. Et c’est le spectateur lui-même qui va, par ses choix, participer à la réunion de tel personnage avec tel autre.

 

Comme les images, les sons se parlent, se répondent, s’imbriquent les uns dans les autres, créant un espace sonore où la diffusion simultanée des différentes séquences aura été pensée pour que les voix, les musiques, ou les cliquetis des transports en commun se complètent sans se polluer. Le mixage audiovisuel final, dans l’espace, est travaillé de manière à obtenir un rendu global du son tout en respectant certains détails propres à chacune des séquences. Il nous permet également d’agir physiquement sur le spectateur, en attirant son attention sur une image, puis sur une autre, le guidant parfois dans la lecture des plans qui s’offrent à lui.

 

La magie de l’installation touche tous les publics. Les enfants s’y amusent, les grands y découvrent un univers artistique personnel, car bien plus que de l’admiration devant des paysages superbes mais souvent inaccessibles, ce que les passagers du bus vivent, ce sont de véritables rencontres. Des rencontres avec des gens d’ici et d’ailleurs, des gens que l’on ose enfin regarder en face, et qui en retour, par un simple regard, vous offre le sentiment d’une profonde humanité…

 

À travers cette profusion d’images et de sons, je cherche à faire vivre le voyage en transport collectif et je veux que le spectateur le vive « en live », « grandeur nature », qu’il ressente le bien être que cela procure de partager la route avec d’autres, chacun ayant sa propre personnalité, son propre but, sa propre destination…

 

L’interactivité de l’installation accroche immédiatement le spectateur, qui s’intègre totalement dans le dispositif et y joue un rôle précis : celui de faire le lien. Chaque spectateur n’est qu’un passager parmi d’autres. N’oublions pas qu’en général, l’un d’entre eux prend le volant, et que souvent, un véritable groupe se forme à l’intérieur du bus. Une complicité évidente naît entre les spectateurs. À l’intérieur du bus se recrée une temporalité que la télévision ignore presque totalement, la temporalité du voyage, du temps qui passe… tout simplement. « La zappe » que le bus offre n’a rien de commun avec celle que nous offre la télévision, c’est une zappe tranquille, sensible, c’est un regard à l’œuvre, qui se promène d’image en image.

 

En tant que cinéaste, je pratique un cinéma direct, proche des gens, de leur quotidien, de leurs habitudes, où la relation filmeur-filmé est primordiale. La caméra se fait « oublier » non pas parce qu’elle se cache ou parce qu’elle est loin de l’action, mais bien au contraire parce que son rôle est justement de s’effacer au profit de l’action, des personnages, de l’histoire. Je suis donc toujours très proche des gens que je filme. Dans les transports en commun, je suis bien sûr assis à leurs côtés.

 

 

Sylvain Grolleau

 

Les escales.

 

 

Certaines séquences vidéo d’un tout autre genre ponctuent régulièrement le spectacle. Nous appellerons ces séquences des escales. C’est un travail sur les gestuelles quotidiennes mais aussi sur les musiques et les danses rencontrées dans les pays traversés.

 

Des dizaines de gestes anodins font partie de notre quotidien à tous. On les retrouve partout sur terre. Et pourtant, si à Ziguinchor, en Casamance, les femmes lavent toutes leur linge au bord du fleuve à peu près de la même manière, elles ne le font pas du tout comme les femmes de Los Nevados, dans les Andes, ou comme les femmes de Chuao, sur la côte Caraïbe voire comme les femmes de Gourcy, au nord du Burkina, dans la zone sahélienne. Bien sûr, chaque femme, d’où qu’elle soit, a sa manière bien à elle de laver son linge à la main, mais les techniques, les habitudes, et les contraintes physiques sont autant de marqueurs culturels imprimés dans cette gestuelle de façon plus ou moins discrète. C’est le corps au travail que je veux saisir ici, le corps et la gestuelle qui s’est imprimée en lui, ces gestes répétés des milliers de fois, cette mécanique humaine parfaitement maîtrisée. Isolés, mis en chaîne, en scène, en boucle, filmés de très près, ralentis, détournés, rythmés, ces gestes deviennent beaux et se révèlent à nous comme extraordinaires.

 

Il s’agit plus ici d’art vidéo, un travail sur l’image, sur le son, sur les rapports qu’ils entretiennent entre eux, sur le rythme surtout, sur le mouvement aussi. Suivant le principe de l’installation, ces gestuelles s’imbriquent les unes dans les autres. On passe du Burkina au Vénézuéla puis du Vénézuéla au Mali, et ainsi de suite… Mais le traitement filmique est ici radicalement différent.  Une bande son accompagne ces séquences vidéo, création sonore composée à partir des sons réels rattachés aux images. Rythmique des sons rattachés à l’image, rythmique de l’image rattachée aux sons… Des gestes et des mouvements qui s’entendent et qui se regardent.

 

Dans de nombreux pays, la danse reste un lien social très important. Tout le monde danse, partage un même savoir depuis le plus jeune âge : celui de bouger son corps au rythme d’une musique. Ce que j’aime dans ces pays où l’on danse, c’est ce plaisir partagé que les gens éprouvent en n’importe quelles occasions. C’est ce savoir commun, cette communion des corps, des sens. Pour un oui ou pour un non, on se lève et on danse. On ne danse jamais seul, on se fait plaisir, on donne du plaisir, on se laisse aller… Dans chaque pays ou région traversés, je travaille sur la musique et la danse. Faire passer des émotions fortes dans ces mouvements et ces rythmes nécessaires à la vie. Je veux chercher à comprendre la place qu’ils ou elles occupent dans le quotidien. La musique et la danse sont toujours symptomatiques d’une culture et d’une manière d’être dans une société…


Pour aller plus loin.

 

 

Le simulateur est une œuvre en mouvement, non figée, qui se doit d’évoluer dans le temps. Nous proposons actuellement des images tournées dans six pays, sur deux continents, mais cette liste va s’allonger et l’installation sans cesse s’enrichir de nouvelles séquences.

 

La richesse de l’installation naît en partie du « hasard contrôlé » de la combinatoire des images projetées, et c’est ici qu’intervient la part active du spectateur puisqu’il lui est offert la possibilité de construire selon son désir et son imagination une infinité de relations, d’histoires, de voyages possibles. Et s’il est installé dans un véritable bus, c’est pour lui « faciliter la tâche », pour l’encourager à se prendre au jeu, c’est pour que l’œuvre l’enveloppe totalement, l’isole et capte toute son attention. C’est aussi pour que les spectateurs vivent une expérience personnelle, de manière collective. Cette notion de « collectif » prend tout son sens quand on compare un wagon français et un wagon burkinabé… En France et en Occident de façon générale, l’anonymat est presque complet, l’isolement et la discrétion sont rois ; les particularités de chacun s’effacent dans cette réserve, dans cette retenue. Le bus donnera envie aux spectateurs de communiquer entre eux.

 

C’est sur un système informatique développé par Medialon, associé au système AvansonS, développé par Hervé Herrero au sein du caravansérail, que la création est finalisée. Notre objectif est de pouvoir « monter dans l’espace » car si un film est une image 2D, le simulateur, lui, propose une image 3D. Ces logiciels permettent de concevoir des spectacles visuels et sonores d’un genre nouveau. Le montage virtuel en plusieurs dimensions et la spatialisation des images et des sons étant alors accessibles dans un confort de travail étonnant.

 

L’installation nous permet alors d’inventer de nouveaux espace-temps, elle nous permet de créer des ponts et un tissu dense de relations d’un plan à un autre, d’une séquence à une autre, dans l’espace : raccord mouvement, regard, lumière, raccord son… Mise en scène non plus seulement dans la mise en chaîne des plans les uns derrière les autres, mais également dans la mise en espace de ces plans. On peut alors imaginer un raccord non pas forcément entre deux plans, mais entre trois ou quatre. Le lieu, le décor, la lumière et le son spatial formant un tout cohérent, qui accentue l’effet 3D dont il est question.

 

Nous envisageons par exemple une séquence faite à partir d’images tournées dans les métros de Sao Paolo, New York, Paris, Saint-Pétersbourg, Tokyo et Singapour. Véritable ballet urbain, où les portes s’ouvrent, se ferment, les freins crissent, les passagers se bousculent, s’endorment, se parlent, se regardent, se croisent, vont et viennent. Nous ne parlons plus ici de plusieurs séquences documentaires « indépendantes » les unes des autres, diffusées de manière simultanée dans un même espace, mais bien d’une séquence, montée dans l’espace.

 

D’autres part, certaines séquences se prêtent particulièrement à un montage en plusieurs dimensions : Cinq jours sur un bateau qui descend l’Amazone, quatre jours sur une pirogue qui remonte le fleuve Sénégal. Trois jours dans un train qui traverse le nord du Brésil ou deux jours dans le corail Kayes-Bamako, qui longe la zone sahélienne. Ces séquences, montées dans l’espace, prennent véritablement le temps de raconter une histoire. C’est ainsi que nous inventons une narration filmique nouvelle, sur plusieurs écrans.

 

 

 

 

 

 


Développer un outil informatique permettant d’inventer de nouvelles formes de diffusion et de création audiovisuelle.

 

 

L’idée première de l’outil informatique que nous cherchons à mettre en place dans le cadre d’Alternative Nomade, est de pouvoir monter des films, des spectacles, et plus généralement des conceptions visuelles et sonores dans une configuration technique de travail la plus proche possible de celle d’une station de montage virtuelle de type Avid ou Final Cut Pro, mais sur plusieurs points de diffusion.

 

Ce que nous appellerons donc communément, montage dans l’espace, ou montage en plusieurs dimensions.

 

Le système se composera d’un réseau d’ordinateurs polyvalents gérant le montage et la diffusion. Cette configuration est légère et nomade. Elle rend possible la création dans le lieu et dans les conditions de la projection, ici un bus, demain une salle de spectacle ou une place publique.

 

L’un des enjeux artistiques de cet outil est donc de pouvoir construire une narration filmique ou de pouvoir monter des conceptions visuelles et sonores sur plusieurs écrans, in situ, en temps réel, en connectant au système différents moniteurs vidéo ou vidéo projecteurs, ainsi qu’un système de sonorisation pour avoir un rendu direct du travail en cours. Le système étant synchronisable avec une station de montage et de mixage son de type Protools, ou toutes autres machines synchronisables en Time Code.

 

Nous voulons aussi rendre le système « intelligent » et donc faire en sorte que des capteurs ou d’autres types de machines détectant des mouvements ou des formes, traduisant et interprétant cette information puissent déclencher la diffusion de séquences audiovisuelles préalablement intégrées.

 

C’est d’un véritable enjeu artistique et technologique qu’il s’agit là.


Un itinéraire, une équipe.

 

 

Sylvain Grolleau, concepteur du  projet : Parallèlement à mon cursus universitaire, je travaille en tant que régisseur plateau et assistant caméra à RTL 9. J’obtiens une Licence Arts du Spectacle à Metz. Je réalise deux courts-métrages de fiction ainsi qu’un reportage vidéo. Je pars en Russie pour l’organisation d’un festival de cinéma et je filme déjà le métro de Saint-Pétersbourg… Une année de voyage : en France, en Espagne, et au Maroc, où je m’essaie au carnet de route et à la photographie, puis de nouveau l’Université, à Paris VII, en maîtrise Cinéma/Audiovisuel. Je rencontre Hervé, puis Luc, l’idée germe alors de former une équipe. La caravane se met en place, une quinzaine de personnes se rassemblent bientôt autour de plusieurs projets, et développent une structure de production associative indépendante … J’entame la réalisation d’un premier documentaire : cinéma direct, regard croisé sur les paysans d’Olonne et de Gourcy  «qui se pose par son enthousiasme comme un ras-le-bol face à l’afro pessimisme des blancs». Un an et demi de tournage et deux longs séjours au Burkina, ce film obtiendra le soutien de nombreux partenaires dont le Centre National de la Cinématographie. Il sera diffusé sur TV10 Angers. Je travaille ensuite comme responsable technique pendant deux ans aux Ateliers Varan, centre de formation au cinéma documentaire, très ouvert sur les pays du Sud. J’y suis finalement un stage et je réalise un nouveau projet : « portrait d’un jeune immigré mauritanien où Sylvain affirme un point de vue personnel sur une intégration ratée, sur l’impossibilité de faire le lien entre des cultures si différentes, sur l’importance du vécu commun, surtout et y compris avec ses propres parents ». Je découvre peu à peu les nouveaux outils numériques de prise de vue et de montage, Je continue à évoluer comme cadreur dans le documentaire de création, le spectacle vivant, l’évènementiel. Je voyage. Je filme la musique et la danse, toutes sortes de gestuelles du quotidien. Je travaille comme assistant monteur puis comme assistant son. Je réalise alors un nouveau projet, musical, pour travailler la rencontre entre la matière (photo, vidéo, super 8) et les genres (fiction, documentaire, clip). De nouveau, je reprends la route avec des équipes : Sénégal, Mali, Burkina, Vénézuéla, puis ce sera le Brésil et le Pérou. Nous emmenons dans nos sacs les 5 courts-métrages et les 3 documentaires que le collectif « la caravane » a produit, et nous ramenons de ces voyages différents types d’images, de sons, de rêves, prémices d’une Alternative, qui fait référence aux écrits de Chatwin, voyageur et écrivain…

 

Alternative Nomade est le fruit d’une longue gestation. Étudiant, je rêvais de cinéma et de voyages, de façon débridée, sans perspective vraiment définie. Cependant, certains traits de ma personnalité se précisent dès cette époque : l’enthousiasme, le sens du groupe et une certaine aptitude à animer un projet commun, la curiosité pour l’autre et puis, avec mes premiers déplacements importants, le sentiment très fort d’appartenance à un seul monde et le désir de contribuer au dialogue des hommes et des cultures, la nécessité de s’engager aussi, de prendre parti. Parallèlement, bien que n’étant ni acteur, ni musicien, ni danseur moi-même, le théâtre, la musique, la danse, les arts du spectacle, ont pris plus d’importance concrète dans ma vie, à travers mes amitiés, mes amours, mes rencontres, et finalement mon travail. J’ai été conduit à dépasser l’idée du film et à concevoir un événement-spectacle dans lequel le film garde certes une place essentielle comme témoin direct de la réalité à la fois multiple et commune des hommes d’aujourd’hui, mais où sa projection est en quelque sorte théâtralisée, mise en scène, où il se fait lui-même aussi chorégraphie et musique par le jeu du montage et de la mise en espace…

 

Mathieu Farnarier : Arriver à passer au-delà du lisible, jouer avec une sensation, une émotion, un sentiment, aimer trouver une cohérence, un agencement poétique du grouillement quotidien, se poser comme spectateur dans un lieu public, sont autant de raisons qui m’ont poussé à faire du son. Après une année d’étude à l’IMFP (Institut musical de formation professionnelle) au sein du cursus son, je me suis orienté vers une formation plus spécialisée dans le domaine de la post-production musicale (enregistrement, montage, mixage…) À la S.A.E. (School of audio Engineering). Commençant mes premières expériences professionnelles comme ingénieur du son dans la musique contemporaine, je m’orientais parallèlement vers le spectacle vivant, où je découvrais alors une nouvelle forme musicale, dans laquelle n’importe quel son peut devenir rythmique ou mélodie. Tout en continuant mon parcours d’ingénieur du son je commençais à faire mes premières réalisations de bandes son, toujours nourries du même matériau : notre environnement sonore du quotidien. C’est dans cette même démarche que les créations sonores d’Alternative Nomade sont construites. Focalisant sur certains détails sonores de la scène pour en faire naître une rythmique ou une mélodie parfois drôle, parfois étrange, parfois énervante.

 

Emmanuelle Vié Le Sage :  L’histoire et l’anthropologie m’ont amené à l’image comme outil d’expression et au documentaire comme forme d’expression. Après une maîtrise d’histoire centrée sur les rapports entre l’Etat français et l’Amérique latine, l’anthropologie m’a conduit à une expérience de terrain dans un village afro-caribéen du Vénézuela. Mon premier documentaire, Les Diables de Chuao, tourné a l’occasion de cette expérience de terrain, diffusé en Afrique par CFI, m’a convaincu de la pertinence et de la nécessité de développer les ponts culturels entre l’Amérique latine, l’Europe et l’Afrique et ce en multipliant les formes d’expressions visuelles. J’ai ainsi créé le site internet Tributv lors d’une année d’expérience professionnelle dans le monde des Webtv à Paris. Le projet d’Alternative Nomade rejoint totalement cette ambition : donner à voir la différence culturelle, donner envie surtout d’aller vers l’autre dans un mouvement spontané : la route, les transports, quels lieux plus que ceux-ci symbolisent ces rencontres plurielles, intuitives et gratuites ?

 

Bruno Corsini : Après une formation sur les techniques du spectacle vivant, je me suis orienté vers un apprentissage de terrain, évoluant dans tous les milieux : théâtre, opéra, concert, événementiel, télé… Aujourd’hui, chaque spectacle nécessite une part de programmation informatique : j’ai appris ainsi bon nombre de systèmes de commande dédiés à l’éclairage, au son, à la vidéo, qui me permettent aujourd’hui d’avoir non seulement une vision technique des spectacles, mais aussi, grâce aux multiples rencontres avec des metteurs en scène, des éclairagistes… une appréciation plus artistique des projets sur lesquels je travaille. Ces quatre dernières années, ma spécification dans la programmation d’éclairages asservis m’a permis de participer à plusieurs spectacles dans différents pays. Ces voyages ont contribué au développement de mes propres conceptions visuelles, que j’ai pu mettre en œuvre dans des groupes de musiques actuelles.

 

Samuel Nicolas : Mon premier contact avec les formes d’expressions audiovisuelles a été le courant d’appropriation des images électroniques par l’Art contemporain. Où les usages de la vidéo proposent une vision plus perceptive que narrative, une attirance vers des formes d’expériences. Une autre facette d’un montage qui réfléchit en termes de dispositif de sensations est le détournement iconoclaste des clichés des médias de masse. Ces enjeux qui ont nourri ma pratique du montage sont de ceux qui me paraissent, entre autres, faire exister le projet Alternative Nomade. À la fois décrasser l’imaginaire du voyage des palmiers et du sable fin et proposer une multiplicité d’instants, le rapport simple avec quelqu’un qui partage un bout de chemin. Grappiller ses instants dans un bus faussement immobile pour lâcher le sadisme du voyage organisé. Troquer visite, kilomètre, carte postale, terrain conquis pour nouvelle terre, ouverture d’esprit … du temps, enfin, pour la rencontre. 

 

Ann Cantat : Après un bac en Arts Plastiques (A3 Lettres et Arts), complété de cours approfondis en histoire de l’art au Musée d’Art Contemporain de Bordeaux (C.A.P.C.), je me suis dirigée vers la production d’images en intégrant l’A.R.P.A. (Action et Recherche Photographiques en Aquitaine) : cinq années consécutives où j’ai parfait ma formation de photographe et approché l’action culturelle : CAP Photo, création et production d’expositions et d’évènements culturels autour de l’image, responsabilité du laboratoire, multiples voyages de part le monde… De là, l’envie de passer le cap de l’ « image mouvante et sonore, j’ai donc intégré les Ateliers de Cinéma de Marseille, en cinéma documentaire. J’ai depuis participé à beaucoup de tournages en tant qu’assistante de réalisation, assistante de production et réalisatrice. Aujourd’hui, le projet Alternative Nomade du Caravansérail me propose de concilier plusieurs de mes projets personnels : La production de documents vidéo personnels, sur le voyage, l’ailleurs, le déplacement, et la notion de nomadisme. L’assistance au projet global en production et en communication. La décoration, pour revenir à mes premiers amours jamais abandonnés : l’art plastique.

 

Frédéric Chartiot : Dix années passées à parcourir le monde, à organiser des convois pour l’Afrique, à vivre au rythme des gens rencontrés, des aventures vécues, à passer de petits boulots en petits boulots, sur la route, expérimentant chaque jour une nouvelle vie… Depuis quatre ans, ce sont des projets artistiques qui motivent mes déplacements : des tournées comme roadie avec des groupes de musique (Balthazar, David Lafore, Gatcha-Empega), de l’éclairage pour le cinéma, le théâtre (festival d’Avignon), de la prise de son et du travail de construction dans l’audiovisuel. Je relie aujourd’hui toutes ces tranches de vie, pour composer l’Alternative Nomade au présent.

 

Hervé Herrero : Ma formation et mon expérience professionnelle m’ont amené à rencontrer de nombreux artistes, dans différents domaines du spectacle et de l’audiovisuel, et particulièrement depuis la création de mon système de spatialisation sonore, grâce auquel je développe un véritable travail dans l’espace: placements, mouvements, je travaille le son comme une matière à sculpter, toujours en référence à une scène dirigée vers un public. Cet habillage sonore vient en sus de la sonorisation classique que l’on rencontre dans tous les types de manifestations, la spatialisation donne alors un relief qui ouvre l’ouie vers d’autres dimensions. Précisément, Alternative Nomade, traite différentes sources sonores organisées dans le temps, en référence à des images projetées, AvansonS contribue à l’unité et à la particularité sonore de l’installation, et renforce les interprétations possibles du spectateur, dans l’association des images et des sons que nous lui proposons.

 

 

Contraintes et choix architecturaux, Fabien Grolleau

Diplômé en1997 à l’Ecole d’Architecture de Nantes, j’ai exercé en tant qu’architecte libéral de 1999 à 2002, orientant mon travail d’architecte et de plasticien vers la scénographie : analyse des mises en scène de l’espace urbain (Prague), organisation d’expositions, participation à des réalisations artistiques en ville ; j’essaie dans mes réalisations d’interroger la perception de l’espace et de réfléchir sur le phénomène de Lieu : me rapprochant des travaux du Land art, ou de l’architecture environnementale.

 

A- Contexte et commande

L’exposition itinérante « alternative nomade » fonctionne sur le principe d’une attraction foraine, d’un cinéma ambulant : les « nomades » utilisent leur bus d’abord dans sa fonction primaire de moyen de déplacement (hommes et matériel ; ce qui sous-entend déjà un espace d’encombrement restreint et une première contrainte), puis, principe original de l’attraction, ils en font un support central d’exposition (bus à la fois écran et salle de projection ; apparaissent alors des contraintes techniques de projection et d’accueil du public).

 

Se pose donc la question du « chapiteau » : construire un espace d’accueil démontable qui réponde à des exigences techniques précises.

 

(par « chapiteau », on entend structure légère couvrante, détachée de l’image stéréotypée liée au cirque traditionnel)

 

B- Contraintes

 

1. Contraintes de déplacement

 

Montage/démontage :

L’attraction, arrivant au matin, repartant le soir, est soumise à un cycle de montage/démontage intense ; le « chapiteau » doit donc être optimisé pour une construction simple, rapide et réalisable par un personnel technique restreint (d’avantage soucieux des réglages audio-vidéo).

 

Encombrement :

Le support de l’exposition est un bus de ville ordinaire, au PTAC  (Poids Total Autorisé en Charge) réduit et aux capacités de rangement limitées (soutes déjà destinées au matériel informatique, enceintes et vidéo-projecteurs). Une structure légère et peu encombrante pourra être stockée sur le toit du bus

 

Adaptation au site :

La construction, nomade par principe, devra s’adapter aux contraintes propres des sites qui l’accueille ; structure résistante au vent, aux éléments, à la déformation, elle dépend toutefois d’un système d’accroche au sol adaptable. Ce système se veut très flexible car dépendant de la nature variée des sols d’installations (bitume, terre battue, pelouse…), ainsi peut-on assurer cette accroche par piquets, par lests d’eau, par lests de sable, ou par toute combinaison mixte de ces méthodes.

 

2. Contraintes techniques de l’attraction

 

On distingue 3 types de projections possibles pour l’attraction « alternative nomade » qui correspondent à 3 espaces distincts :

 

Le déambulatoire :

Espace circulaire autour du bus utilisée comme desserte pour les autres espaces et comme galerie d’exposition, le public y circule librement. C’est un lieu d’exposition de photographies, peintures, projections ponctuelles, nécessitant de nombreux points d’accroches sur une structure parallèle au bus (« la galerie ») mais aussi sur le « chapiteau » lui-même.

 

Le salon documentaire :

C’est une pièce réservée à l’arrière du bus pour des projections « traditionnelles » sans incidence autre que la desserte sur la structuration de l’espace.

 

Le simulateur : 

Attraction principale de « l’alternative nomade », le simulateur nécessite un système de projection complexe : 7 vidéo-projecteurs installés sur le toit du bus projettent via des miroirs suspendus des images sur les fenêtres du bus à l’intérieur duquel le public est assis (les miroirs permettant une réduction sensible de la distance de projection). Ce dispositif contraint à synchroniser les mouvements du bus avec miroirs et projecteurs, en indépendance avec le reste de la structure pour éviter toutes saccades dans la projection. D’où la nécessité de structures autonomes : la « galerie » système d’accroche lié au bus et le « chapiteau » structure légère abritant l’ensemble.

 

 

3. Contraintes d’accueil du public

 

Comme il a été vu plus haut, l’espace se structure ainsi : un déambulatoire circulaire (entrée et sortie côte à côte sur la « façade avant ; pour faciliter le contrôle d’accès par un personnel restreint – sortie de secours prévue par ailleurs) desservant le salon documentaire et le simulateur. L’ensemble de l’attraction est voué à accueillir un nombre limité de visiteurs, à déterminer par les concepteurs (et les services de sécurité). Voir ci-dessous la note de sécurité.

 

 C- Un « airbag »

 

1. Forme, choix du gonflable

 

L’énumération des contraintes précédentes nous a conduit à dessiner :

-       d’une part un « chapiteau » en structure gonflable (légère, facile à monter, à transporter et à réparer !), sorte d’énorme « airbag » expulsé du bus (qui détermine la forme du ballon dans ses 3 dimensions), blanc (il est prévu des projections intérieures et extérieures sur sa toile), corps étrange et fascinant (son montage est un spectacle en soi).

 

-       et d’autre part, à l’intérieur, une « galerie » en tubes d’aluminium accrochée au bus, utilisée comme support d’accroche des photos et écrans (face déambulatoire) et des miroirs (face bus). Cet anneau d’aluminium encercle le bus parallèlement à la structure et détermine un troisième espace non encore évoqué (entre le bus et le déambulatoire), l’espace technique. La « galerie » dont la dimension est fonction des distances de projections, sert également de support d’accroche à un rideau semi-opaque (laissant transparaître le bus, comme un fantôme) qui vient matérialiser l’espace public et l’espace technique (privé) destiné aux organisateurs.

 

2. L’airbag mis en scène

 

Développons l’aspect « spectacle » du dispositif.

 

L’architecture se fait l’écho d’une mise en scène précise destinée à préparer le visiteur au spectacle. Cette mise en scène élaborée conjointement entre les nomades et l’architecte, est du ressort du film de suspense, voire pour être plus explicite, du strip-tease : car notre spectateur assiste à un jeu de voiles, de tissus, de peaux  (évoquons aussi l’image concentrique des peaux d’oignons) ; il passe à travers les sas (sensuels ?) du ballon, erre dans des couloirs de velours, traverse les jupes d’acier du bus, pour enfin assister au spectacle promis. Portes, sas, passages, sa promenade s’intensifie à la vision d’images, de couleurs, à l’ écoute de sons, de musiques aux provenances incertaines.

 

Ainsi c’est à un voyage mystérieux, à une rêverie lyrique que ce gros ballon blanc et lumineux, apparu tout à coup sur une place, un champ invite. Airbag géant d’un improbable véhicule, ballon dirigeable en attente, œuf abandonné d’un animal géant ; à chacun sa vision onirique.

 

3. Montage :

 

phase 1.   Déroulement au sol d’une bâche (type liner – cf. fiche technique), le bus vient se garer dessus aux emplacements marqués, installation des souffleries en périphéries,  et des alimentations électriques.

 

phase 2.   Mise en place de la toile par double zippage autour du bus, mise en place des lests selon le type d’accroche choisi en fonction du site (piquets, eaux, sable…), montage des portes gonflables et sortie de secours, gonflage de la structure. Fin du montage du chapiteau.

 

phase 3.   À l’intérieur, montage de la galerie en aluminum, pose des rideaux, accrochage du dispositif audio, photo, vidéo et luminaire.

 

4. Note succincte de sécurité

 

La structure compte deux sas textiles à l’avant, et une sortie de secours normalisée à l’arrière. Le bus et la galerie sont utilisés comme dispositif anti-effondrement en cas de dépressurisation de la toile (assurant un espace libre de circulation et d’évacuation). Le gonflage de la toile est assuré par un moteur électrique (à l’extérieur de la structure), relayé en cas de panne par un moteur de secours supplémentaire. Le renouvellement de l’air est assuré en permanence par cette soufflerie. Le nombre de visiteurs maximum sera déterminé par les organisateurs et les services de sécurité.

 

D- Fiche technique

 

  • La structure gonflable est réalisée dans un PVC occultant M2 – 800g/m² – de coloris blanc. Les assemblages sont réalisés en soudure H.F.
  • La structure se présente sous la forme d’une salle autoportante autonome. Elle est constituée de 3 parties assemblées par un double zippage avec des reprises sur renforts anti-ouvertures, au nombre de 4, sur chaque partie zippée.
  • Un sac de toit permet le rangement sur le bus de la partie centrale de la toile. Les extrémités démontables se rangent dans deux sacs indépendants.
  • Dimensions de la salle gonflée : 19 x 11,50
  • Un fourreau permet la reprise au sol sur des lests d’eau ou des piquets
  • Entrée et sortie en sas textile.
  • Possibilités d’accroche de projecteurs de moins de 5 kg sur des patchs de suspension collés à la membrane
  • 1 issue de secours de 0,90 m x 2,05 m avec ouverture anti-panique et éclairage de sécurité
  • Fourniture de lests d’eau périphériques avec joncs de reprise
  • Fourniture de 50 sangles à cliquets de résistance 1 tonne pour reprise éventuelle sur piquets
  • Bloc de gonflage équipés de 2 souffleries en caisson individuel : 1 en secours, 1 pour gonflage avec pilotage de débit réglable par variateur vectoriel inclus dans une armoire avec protection électrique. (diminution du bruit des moteurs de soufflerie)

Bâche de protection à poser au sol (type liner) – classement au feu M2 – assemblage en soudure H. F. avec marquage au sol de l’emplacement du bus.

 

ANNEXES

Alternative Nomade*

Documentaires, carnets de route, art vidéo et chroniques de voyage.


L’objectif principal de l’Alternative Nomade est de former des équipes de cinéastes nomades et d’équiper un camion, véritable car régie aménagé en lieu de vie, pour prendre la route sur des périodes plus ou moins longues et ramener des quatre coins du globe différents types d’objets audiovisuels, ayant tous la particularité d’avoir été conçus et réalisés sur la route… Cette caravane cinématographique, inspirée entre autres des kinotrains de Vertov, sera suivie par un groupe sédentaire, basé en France.

 

Ce ne sera pas un cirque, ni une troupe de théâtre ambulant, ce ne sera pas un groupe de musiciens en tournée, ce sera une caravane cinématographique, un groupe de cinéastes nomades qui se seront donné les moyens de faire des films, d’en montrer, et d’aider des gens à en faire, dans plusieurs pays du monde, et sur plusieurs continents.

 

 

            les caravaniers sur la route…

 

            …réalisent et diffusent plusieurs types d’œuvres audiovisuelles :

 

-Des vidéos expérimentales sur des thématiques comme les gestuelles quotidiennes, la musique et la danse, le rapport à la nature, ainsi que des chroniques, des réflexions personnelles ou des contemplations vidéographiques alimentant des carnets de route en ligne. Certaines images seront également utilisées dans des installations, sur des dvd interactifs, voire dans des spectacles vivants.

 

-Des documentaires de création, voir de courtes fictions.

 

-Des films réalisés avec des gens rencontrés sur la route, en collaboration, coréalisations ou sous forme d’atelier.

 

            …provoquent des rencontres ponctuelles avec d’autres formes d’expression artistique : théâtre, photographie, poésie, musique, arts plastiques…

 

-Différents créateurs pouvant se joindre à la caravane pour mettre en place un projet sur la route.

 

 

 

            les caravaniers basés en France…

 

            …réceptionnent les projets écrits, les photographies, les carnets de route, les feuilles de dérushage, les plans de montage, les story-boards, les rushes, les maquettes ou les masters… et suivent au jour le jour l’itinéraire et le travail de la caravane, relayant l’information via le net et les différents partenaires du projet.

 

            …finalisent certains des objets réalisés sur la route et participent à distance à la réalisation de certains autres.

 

            …mettent en relation la caravane avec les éventuelles personnes désirant aller à sa rencontre.

 

            …diffusent l’ensemble de la production, via le net et les différents partenaires du projet.

 

            …gèrent la production globale du projet.

 

*A propos de la théorie de Bruce Chatwin : « alternative nomade »

 

L’esprit nomade

 

À partir de la conception du monde des chasseurs-cueilleurs australiens, Le chant des pistes contient aussi une méditation sur la nature humaine en général, autour de l’idée centrale que nos origines font de nous des êtres voués à la vie en mouvement et non à rester en place. La plus grande part de nos problèmes viendrait de ce que par la sédentarisation nous contrarions nos tendances profondes.

 

Selon Bruce Chatwin, la propension de l’homme à une vie errante remonte à sa création. Un jour, notre ancêtre s’est relevé dans la savane semi désertique de l’Est africain et il s’est mis à la parcourir en tous sens pour y trouver sa subsistance. Ensuite, au cours des temps, les Hommes, chasseurs-cueilleurs, ont arpenté la terre, transportant avec eux le strict minimum et berçant leurs enfants au rythme de la marche, faisant pénétrer ce rythme au plus profond de leur âme, au point que nous en sommes encore imprégnés, au point que nos cadences profondes sont toujours celles de la marche.

 

Ça ne paraît pas invraisemblable si on se rappelle que l’homme a vécu ainsi pendant des millions d’années. Jusqu’à ce que, sur la deuxième grande scène de l’histoire de l’humanité, le Croissant fertile, s’accomplisse la révolution néolithique. Là, culture et élevage apparurent ensemble, avant de se séparer et de donner naissance à deux modes de vie différents, l’agriculture sédentaire et le nomadisme pastoral.

 

Celui-ci représente déjà une dégradation par rapport à la simplicité originelle de l’errance des chasseurs. Les nomades, dont la richesse se mesure à l’importance du troupeau, connaissent la propriété et, avec elle, le désir de l’accroître en accaparant les biens d’autrui. Ils excellent dans ses manifestations, le pillage et la guerre. Mais ce qui, pour Bruce Chatwin – et pour nous – les rend plus intéressants que les chasseurs, c’est qu’ils ont édifiés des civilisations autour du principe central de la vie en mouvement. Ces civilisations ont coexisté avec des civilisations sédentaires et, en général, se sont affrontées à elles, non seulement sur un plan militaire, mais aussi sur le plan de la conception du monde. Le mode de vie nomade a produit des valeurs spécifiques qui peuvent être opposées à celles du monde sédentaire. C’est même là que nous devons chercher un moyen d’échapper aux maux qui nous assaillent, puisque tout le mal de notre vie vient de ce que nous restons en paix entre les murs de notre chambre.

 

Telles sont les idées de Bruce Chatwin, exposées dans plusieurs de ses livres, notamment, outre Le chant des pistes, dans les articles « Invasions nomades » (dans Qu’est-ce que je fais là) et « L’alternative nomade » (dans Anatomie de l’errance).

 

Notons que certaines de ses affirmations sur l’évolution de l’humanité peuvent être contestées, mais l’idée que la sédentarité et les valeurs qui y sont liées seraient responsables d’une grande partie du malaise moderne apparaît comme juste et immédiatement utilisable.

 

L’errance, la vie en mouvement, imposent l’allégement, le dépouillement – le superflu n’a plus cours, la thésaurisation devient impossible. D’autre part, « Les peuples anarchiques, comme les nomades du désert, haïssent et détruisent les images. »

 

Or, n’est-ce pas là les deux plaies de nos civilisations: les objets et les images, combustibles de la société de consommation, propagateurs de la pesanteur matérielle et idéologique qui nous étouffe ?

 

Le voyage interdit la production, le voyage interdit la surconsommation, le voyage interdit la surinformation. Le voyage impose un choix pour le voyageur, un choix personnel entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Et plus encore, peut-être est-ce l’absence de voyage qui est cause à l’origine de notre fuite dans les objets : « Nous sommes voyageurs dès notre naissance. Notre folle obsession pour le progrès technologique est une réaction face aux obstacles qui bloquent nos déplacements géographiques. »

 

Même si les migrations des nomades empruntent des itinéraires en général extrêmement régulier, le nomadisme est un mode de vie qui s’est développé dans des environnements trop pauvres pour permettre une mise en culture du sol, par conséquent, le nomade a souvent affaire à une nature difficile, un milieu semi désertique, voire désertique, et, dans ces conditions, s’il n’est pas extraordinairement attentif, s’il ne sait pas lire les signes de la nature, il perdra son troupeau – ou sa vie.

 

Le voyage – non l’excursion organisée ou la commutation urbaine journalière – oblige à rester en éveil, attentif à tous les changements de l’environnement, il chasse la routine. Et cela s’avère paradoxalement d’autant plus vrai que le rythme du voyage se rapproche de celui de la marche. Aujourd’hui, notre monde vise à supprimer le fait du voyage lui-même, à tenter de réduire la durée du déplacement au minimum, jusqu’à ne plus laisser subsister que les points de départ et d’arrivée. Au contraire, plus on se laisse aller au rythme du voyage, moins les contraintes de temps deviennent essentielles.

 

Saccager ou ignorer tout ce qui est fixe, villes, temples, monuments, tout ce qui fige et plante en terre, images (de la télévision), pouvoir centralisateur, formalisme religieux et écrit normatif, « Le nomade renonce. Il médite dans sa solitude. Il abandonne les rituels collectifs et se soucie peu des processus rationnels du savoir et de l’alphabétisation. C’est un homme de foi. » Il répudie tout ce qui pèse.

 

 

Par l’apologie de l’errance, Bruce Chatwin ne prêche pas un retour général au nomadisme pastoral dans un monde où, il le dit lui-même, nous sommes trop nombreux. Il s’agit plutôt d’en retrouver et utiliser l’esprit, de se laisser aller à l’appel du désert, à l’envie de partir, de se dépouiller, et de marcher, tout simplement; le plus léger possible.

 

Le meilleur argument en faveur de ses idées, tient à ses livres eux-mêmes. En Patagonie, qui relate un voyage dans les vastes régions prétendument désolées de l’Amérique australe, laisse peu à peu s’installer la sensation d’une sérénité et d’un accord avec le monde. Le fait de marcher trois jours durant le long d’une route déserte change la manière d’appréhender les choses, la ville qui se profile au bout du chemin prend un autre sens. Ce qui passe à la lecture, l’esprit de l’errance, le sentiment du voyage (qu’on retrouve aussi par exemple dans Chemin faisant de Jacques Lacarrière, ou dans Sur la route de Kerouac) peut se vérifier par l’expérience personnelle, il suffit de mettre sac au dos, de lacer ses chaussures et de marcher – que ce soit dans la vallée de la Loire, dans le désert de Mauritanie ou le long des green roads d’Irlande.

 

Au-delà du seul voyage, l’ »alternative nomade » représente un choix de valeurs, de manières de vivre en général opposées à celles qui ont cours actuellement.

 

Un esprit des chemins perdus, des terres oubliées.

À chacun sa route.

 

 

 

Sébastien Omont

 

En Patagonie, Coll. « Cahiers rouges », Grasset, 1979

Le chant des pistes, Grasset, 1988

Qu’est-ce que je fais là, Grasset, 1991

Anatomie de l’errance, Grasset 1996
 Prendre le temps, avancer calmement, savoir lire le rythme d’un pays, d’un être, et raconter son histoire… au quotidien.

 

J’ai réalisé quelques films de fiction mais surtout des documentaires, en étant toujours mon propre cadreur. Je continuerai ce travail sur la route. Loin d’être perpétuellement en mouvement, je veux prendre le temps, m’arrêter pour travailler avec des gens plusieurs semaines, parfois plusieurs mois. Au gré des rencontres et des idées, je veux raconter des histoires, principalement sous forme documentaire. Ces histoires s’écriront dans le temps et le rythme du voyage. Je pratique un cinéma direct, narratif, proche des gens, de leur quotidien, de leurs habitudes, où la relation filmeur-filmé est primordiale. La caméra se fait « oublier » non pas parce qu’elle se cache ou parce qu’elle est loin de l’action, mais bien au contraire parce que son rôle est justement de s’effacer au profit de l’action, des personnages, de l’histoire.

 

Des histoires personnelles, intimistes, sans interview ni voix off, détachées de l’actualité, de l’information, ou du sensationnel. Des histoires d’homme, des histoires humaines, des histoires de tous les jours…

 

Des histoires qui s’écriront et qui se raconteront sur la route.

 

Pourquoi ?

 

Vingt et unième siècle, 80% de la richesse mondiale est détenue par 20% de l’humanité. Consommation de masse, communication à outrance, le monde devient global et les pensées s’uniformisent. Les nouvelles technologies progressent à un rythme effréné, les médias sont notre principale source d’information. On voyage de plus en plus, de plus en plus vite, et de plus en plus loin… Mais de quelle manière ? La majeure partie des populations vit pourtant à des années-lumière de là. C’est principalement vers ces populations que je veux aller. Je crois en la différence, je crois aux rencontres, à l’échange… D’homme à homme, brut, réel. Je crois au cinéma. Il me permet de matérialiser un rêve, de faire vivre un moment, une émotion, un doute. Il m’ouvre sur le monde. Il me permet de témoigner, de faire trace, trace de vie.

 

La France est un pays où il fait bon vivre… On y rencontre pourtant des personnes désespérément seules. Trop de gens aux maladies bizarres : renfermés, déprimés, aigris, blasés, laissés pour compte. Trop de gens « qui ne font qu’entasser des objets », me disait un cinéaste russe. Trop de gens « qui ont des pendules dans les jambes » me disait un cinéaste sénégalais. J’ai le sentiment que chez nous, en France, en Occident de manière générale, tout devient matériellement facile, tout vient à nous, tout nous est dû. Finalement, beaucoup choisissent le repli sur soi. Ils se déresponsabilisent par rapport au groupe. Ne sommes-nous pas devenus une foule d’individus-individualistes cohabitant sans liens réels entre nous ?… Je n’accepte pas la société dite mondiale où ce qui nous rassemble n’est que la consommation et la culture de masse. Je ne veux pas d’un village planétaire. C’est une utopie louable mais dangereuse. Je pars à la recherche d’identités culturelles, à la recherche de nos différences, de nos ressemblances surtout. Je pars à la rencontre de gens fiers de ce qu’ils sont, et qui refusent, consciemment ou non, le modèle de pensées et de vie d’une société dite moderne et développée. Je veux montrer la diversité et la complexité du monde d’aujourd’hui. Je veux aller voir ailleurs pour apprendre plus.

 

Je veux montrer l’inégalité profonde qui se creuse toujours plus entre les populations du sud et celles du nord. En ce début de siècle, je veux faire un point et rappeler que la grande majorité des êtres humains sont loin de notre monde « moderne et développé ». Je veux montrer qu’il existe toujours des différences fondamentales d’une société humaine à l’autre et que des liens sociaux très forts, que l’on a peut-être délaissés chez nous, résistent dans certains pays. Je veux montrer que le modèle occidental n’est pas la solution à tous les problèmes du monde et que le bien-être capitaliste ne donne pas les clefs du bonheur. Je veux montrer, encore et toujours, que le voyage, la curiosité, la découverte, l’échange nous sont plus que jamais nécessaires.

 

Ce projet est un mode de vie, une alternative. Je suis cinéaste et c’est sur la route que je veux véritablement exercer mon métier. Pour cela, et depuis plusieurs années déjà, le numérique m’ouvre d’extraordinaires possibilités de création. Ces outils doivent se mettre au service d’auteurs qui désirent exprimer un point de vue fort sur le monde. Loin de rendre compte d’un évènement, d’une actualité, d’un état de fait, d’une information connue ou non, je veux exprimer des idées personnelles, livrer un regard… Je ne veux ni réaliser un tour du monde en quatre-vingts jours, ni recenser toutes les espèces rares de notre si jolie planète… Je veux prendre le temps, le temps de vivre, de voyager, d’apprendre… Le temps de faire du cinéma.

 

Je veux créer des rencontres à travers ma caméra. Je serai physiquement et moralement impliqué.

 

Sylvain Grolleau


 

Réfléchir sur l’image, sur ses rapports avec le son, se laisser porter par les émotions qu’elles ou ils procurent, transformer la matière brute, tirée du réel.

 

Je me suis fixé certaines thématiques de travail :  Les transports en commun, la musique et la danse, les gestuelles quotidiennes, le rapport à la nature, au « monde moderne ». Je veux travailler sur des séries, mettre en rapport des lieux, des personnages, des formes, des couleurs, des sonorités, ou des mouvements. Confronter, imbriquer, mêler les images du monde d’aujourd’hui. Je veux brouiller les pistes, mélanger les codes, et rappeler sans cesse l’illusion de l’hyper réalisme télévisuel. Je veux déformer la réalité brute, réfléchir sur l’image documentaire, remettre en cause le cinéma direct. Ce travail devrait se concrétiser sous plusieurs formes : films documentaire, installations, développement sur le Web ou sur DVD interactif, art vidéo…

 

 

Utiliser l’internet, l’interactivité.

 

Je veux réaliser un carnet de route en ligne, fait de chroniques, de petites histoires, de rencontres, de réflexions personnelles, d’images et de sons. Au fur et à mesure de nos périples, de nos rencontres, de nos tournages, ce carnet de voyage numérique se construira au jour le jour.

 

Organiser des projections, montrer des films.

 

J’ai toujours montré mes films aux gens que j’allais filmer, pour que l’on se comprenne mieux, et pour établir une relation de confiance entre nous. Pour donner un peu de soi avant de prendre un peu de l’autre. Mais je veux aussi montrer des films pour le plaisir. Pour faire rire, faire rêver, faire pleurer, faire réfléchir… Je veux donner libre accès au cinéma et partager quelques choses avec les gens que je rencontre.

 

Monter des ateliers d’aide à la réalisation, travailler avec des gens sur la route.

 

Je veux aussi montrer des films pour aider des gens à en faire. Partager un peu de mon savoir et fournir les moyens techniques minimaux nécessaires à la réalisation d’un projet. Monter des « ateliers de cinéma» donc, avec des gens rencontrés sur place, des gens passionnés, qui veulent exprimer un point de vue, mais qui n’ont jamais eu les moyens de le faire.

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